Cette nature qui est mienne. Qui me pousse vert l'isolement, l'introspection, les continuelles remises en question, la révolte de ce qui est. Je suis cela, victime de l'inné, façonnée par l'acquis. Prise dans une enveloppe charnelle et psychique lourde et contraignante. Enchevêtrée dans ces réactions, ces automatismes qui guident mes jours. À trop voir pour me laisser prendre, à trop être aveugle pour saisir. Freinée parce que tellement conditionnée.S'observer et se trouver nulle mais ne pas pouvoir s'en sortir, patauger dans la boue de l'impuissance. Ne jamais accepter ce que je suis, me révolter contre ce moi. Inutile, échec assuré. Ne pas vouloir utiliser la fuite, désirer faire face, assumer. Réaliser sa propre lâcheté. Se croire forte, imperturbable. Avoir l'impression de n'avoir aucune emprise, aucun contrôle. Être condamnée à exister en voyant les masques, les manèges, les peurs, les faiblesses. Manquer d'air et chercher un petit trou dans la glace pour respirer. Vouloir anesthésier l'expérience pour être comme les autres, savoir que ça ne fonctionnera pas pour soi. Réaliser parler un autre langage, sentir la réticence de la différence. Partir en courant et se trouver mauvaise dans cette scène.Malgré tout, demeurer sereine. Accepter n'avoir aucune emprise. Accepter les quarante premières années de ma vie. Accepter les quarante prochaines. Accepter ma propre expérience et arrêter maintenant de vouloir me comparer.
Libellés : États d'âmes, Poésie réflexions et autres divagations