Deuil
Ce n'est pas le deuil de la trentaine mais plutôt celui de terminer cette décennie en constatant que la période propice à fonder une famille tire à sa fin.
Ce n'est pas le deuil de la vie à deux mais celui de ne pas croiser cette personne avec qui je pourrais laisser s'exprimer toute cette affection qui déborde. C'est celui de ne pouvoir partager des moments de tendresse et de rapprochement.
Ce n'est pas le deuil d'apprendre qu'il en a choisi une autre. C'est plutôt celui de constater qu'encore une fois, mon tour passe et le temps aussi.
"Tu es une fille exeptionnelle comme il s'en fait peu... mais j'en aime un autre." Tant de fois entendue qu'elle sonne maintenant si faux en moi, tout faux.
Au début de la vingtaine, mon copain de l'époque me disait: "Aimer, c'est une décision." mais je n'arrivais à imposer ce vouloir à mes sentiments.
Ce n'est pas le deuil de cette relation qui ne me comblait pas, c'est plutôt celui de constater que sa "recette" a fonctionné. Il est maintenant exactement ce qu'il a "décidé" à l'époque. Je n'ai pas pu prendre ce genre de "décision", c'était contre nature. C'est le coeur qui m'a guidé et mon expérience fût ballotée comme un tout petit voilier sur une mer houleuse.
Non, ce n'est pas le deuil de la trentaine, mais plutôt celui des rêves et des attentes déçus. Mais le besoin d'adhésion aux images est si puissant... et ma sagesse si petite...
Libellés : Je Me Moi, Poésie réflexions et autres divagations