Puissante peur
Pour arriver à exprimer les milles doutes qui m’assaillent, je n’ai que l’encre et le papier. De la bouche ne sort que verbiage et confusion. Devant l'encombrant fardeau de mes peurs, je me trouve dans un état qui me semble nouveau. La vie m’apporte ce que j’ai demandé et maintenant que, comme sur un plateau d’argent, ceci m’est servi avec générosité, je me surprend à vasciller. Je suis le petit enfant qui imagine un monstre en observant le reflet de la lune sur les murs de sa chambre. Je n’ai aucun repère, mes balises se sont évanouies. Le cœur qui s’était toujours gardé de pierre a voulu la candeur. La vulnérabilité a fleuri avec une sensation nouvelle de découvrir un lieu inconnu et tellement insécurisant. Apprentissage qui voudrait pouvoir se conforter en regardant derrière. Il ne retrouve toutefois aucune bouée dans le passé, aucun salut dans les mémoires. L’être fait face à sa propre finitude. Il retient son souffle. La crainte du gouffre l’assaille. Il ne connaît pas. C’est un enfant au berceau. Mais profondément, bien cachée dans l’armure qui n’est toujours que craquée, la flamme brûle avec puissance. Elle s’alimente d’une force indestructible ne craignant pas le doute. Elle est soldat au combat. Elle clame à celle qui a peur, d’avoir confiance, lui rappelle que dans l’abandon elle peut toujours puiser sa force. Elle lui dit de regarder droit devant, de ne pas fléchir les genoux, de ne pas considérer ce qui a été mais plutôt ce qui est. Elle lui dit qu’il est inutile de vouloir comprendre, savoir, deviner ou anticiper. Seulement faire confiance, encore et encore pour transpercer le brouillard avec la conviction que de l’autre côté se trouve le plus beau paysage qu’elle sera appelée à contempler de toute son existence.
Libellés : États d'âmes